PAPER TRAMPOLINE
pastel sur papier Japon tendu sur anneau métallique
(.1) Ø 370 cm
(.2) Ø 240 cm
(.3) Ø 200 cm
2018
Paper Trampoline est une œuvre collaborative entre l’artiste algérien Nasreddine Bennacer, et le maître indien Krishna Reddy. S’inspirant des dessins issus du répertoire du cirque, et des lignes cosmiques qui caractérisent les gravures de Reddy, Bennacer a créé trois microcosmes jouant sur les notions de détermination territoriale et des jugements de valeurs géo-économiques.
La symbolique est dérivée de l’iconographie du cirque qui place les œuvres dans la longue fascination de l’histoire de l’Art pour le pouvoir allégorique de cette forme de spectacle extravagante et de ses types de personnages. Des estampes satiriques de Daumier qui associent les saltimbanques aux hommes politiques, en passant par l’utilisation du clown triste troqué de Picasso, comme symbole d’aliénation, le caractère excentrique et marginalisé du cirque a servi comme moyen de dénonciation sociale. Inspiré par les gravures de clown de Krishna Reddy, Nasreddine Bennacer dessine depuis cette tradition, employant les trampolines, les clowns, et les numéros d’animaux, afin d’exposer l’artifice se trouvant derrière les catégorisations géographiques et culturelles.
Trois trampolines de papier se tiennent comme effigies aux luttes territoriales modernes. L’utilisation inhabituelle de ces matériaux – trampolines en papier – introduit déjà un élément de déstabilisation, transmettant alors un sentiment de ruse et d’instabilité. Ces trois microcosmes dévoilent la genèse de démarcation envisagée des frontières géographiques et de la division territoriale. L’image de la Pangée, symbole de l’unité première, nous rappelle un sens originel d’égalité. Cette harmonie est bouleversée par une embuscade de tigres combattant pour un bout de territoire – l’Afrique du Nord – faisant référence à l’inéluctable désir des hommes pour la domination. Enfin, une image des Etats du Golf se reposant sur les structures d’une pompe à pétrole révèle les fondements artificiels sur lesquelles s’appuient les idéaux culturels. Les points de repères créés par les hommes, qui sont l’emblème de ces Etats – les silhouettes de la Mecque, une mosquée, le célèbre hôtel de luxe en forme de voile de Dubaï – suggèrent comment les puissances économiques sont à la base de l’idéologie culturelle.
Lus comme une progression, symbolisant l’évolution de l’unité égalitaire vers une identité culturelle et territoriale fragmentée, ou rétrospectivement, dévoilant la logique erronée qui a conduit à l’idée moderne de supériorité géographique, ces trois trampolines irréalisables révèlent l’hypocrisie qui sous-tend les aspirations culturelles nées seulement de l’hégémonie économique.
Elisabetta Garletti
PAPER TRAMPOLINE
pastel on Japanese paper stretched over a metal ring
(.1) Ø 370 cm
(.2) Ø 240 cm
(.3) Ø 200 cm
2018
Paper Trampoline is a collaborative work between French Algerian-born artist Nasreddine Bennacer, and the Indian master Krishna Reddy. Drawing inspirations from the imagery of the circus and cosmic lines that characterise Reddy’s prints, Bennacer has created three microcosms that play with notions of territorial determination and the value judgements based on geo-economics.
The symbolism is derived from the iconography of the circus, which places the works in continuation with the long-standing fascination in art history with the allegorical power of this extravagant form of spectacle and its character types. From Daumier’s satirical etchings that paired saltimbanques with politicians, to Picasso’s use of the trope of the sad clown as a symbol of alienation, the eccentric and marginalised nature of the circus has served as a means of social denunciation. Inspired by Reddy’s etchings of clowns, Bennacer draws from this tradition, employing trampolines, clowns, and animal acts to expose the artifice behind geographic and cultural categorisations.
Three paper trampolines stand as the effigies of the modern, territorial struggle. The unusual use of the materials - trampolines made of paper - already introduces a destabilising element, conveying a sense of trickery and instability. These three microcosms unveil the genesis of the construed demarcation of geographical boundaries and territorial division. The image of the Pangea, the symbol of primal unity, reminds us of an original sense of equality. Such a harmony is disrupted by an ambush tigers fighting over a piece of land – North Africa – alluding to men’s ineluctable desire for domination. Finally, an image of the Golf States resting on the structure of an oil pump reveals the artificial foundations upon which cultural ideals are construed. The men-made landmarks that stand as the emblem of those states - the silhouettes of the Mecca, a mosque, the iconic sail-shaped luxury hotel in Dubai - suggest how economic powers stand as the base of cultural ideology.
Whether read as a progression, symbolising the evolution from egalitarian unity into a fragmented territorial and cultural identity, or retrospectively, unveiling the faulty logic that has led to the modern idea of geographical superiority, these three impracticable trampolines expose the hypocrisy behind cultural aspirations that are only born out of economic hegemony.
Elisabetta Garletti